Je vous raconte ma vie, là, mais, hier soi, j'ai allumé ma PlayStation 2. Au vu de la légère couche de poussière qui s'accumulait, cela faisait un moment que le vénérable monolithe noir n'avait plus été mis sérieusement à contribution. Mais voilà: dans l'espoir fou de voir le modeste chroniqueur que je suis évoquer quelques uns de leurs produits dans deux hebdomadaires de la place, des éditeurs, que je salue ici servilement, ont eu l'obligeance d'alimenter la susdite console en choses bizarres qui feront l'actualité du prochain mois de février 2006. Ceci explique cela.

Shadow of the Colossus, d'abord. Introduction: un petit homme sur un gros cheval fatigué avance lentement, très lentement, sur des chemins escarpés, puis sur un pont monumental pour terminer son calme périple entre les murs d'une immense bâtisse. Le guerrier paysan dépose le corps inanimé d'une femme, que l'on suppose aimée, sur un autel de pierre. On sent poindre les missions périlleuses pour qu'à la fin de l'envoi la belle revive.

Et voilà, en quelques minutes toutes les règles non écrites du jeu vidéo sont bafouées. C'est lent. C'est majestueux. Aucun glaive n'est tiré. Aucune parole n'est prononcée et aucun troll baveur ne surgit. Et, pour autant que nos doigts gourds, crispés par tant d'inactivité, n'interrompent la cérémonie, un climat s'installe.

Les index fébriles se rattrapent dans la foulée dès que l'on se retrouve confronté au premier colosse, un géant haut comme une cathédrale qu'il s'agira de gravir dans l'espoir d'atteindre son point faible.

C'est beau, voire même TRÈS beau

Shadow of the Colossus est issu du même studio de développement japonais qu'ICO, un jeu qui a tenté, avec succès, de marier un gameplay par essence brutal: ("action – réaction" comme disait si bien François Berléand dans Les choriste) à la contemplation ainsi qu'à des sentiments complexes bien plus difficiles à retranscrire que "grosses baffes dans ta vilaine gueule de monstre". La compassion par exemple.

Pour l'heure, malgré les scintillements congénitaux de la PS2 et quelques floutages cache-misère, on reste fasciné dans l'ombre du colosse. Demain, on entame l'ascension.

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