Brothers in Arms
C'est encore loin Carentan?
Brothers in Arms est au jeu vidéo ce que Frères d'armes est à la série télé de prestige. La fusion de la précision historique et de l'intérêt ludique atteint ici un équilibre remarquable.Dans le monde merveilleux des loisirs interactifs, les jeux de guerre se ramassent à la pelle. Quand ils ne sont pas des instruments de propagande (America's Army est dans ce domaine son plus cynique représentant), ces derniers peinent le plus souvent à offrir autre chose qu'une montée d'adrénaline abstraite et désincarnée. Brothers in Arms vient mettre un terme au dilemme.
L'action se déroule en juin 1944, mois du débarquement allié en Normandie. Le jeu propose d'incarner le lieutenant Baker, chargé de conduire une escouade (parfois deux) jusqu'à Carentan. Un périple de huit jours décomposé en vingt missions. Le joueur voit au travers des yeux du lieutenant et se déplace donc en vue subjective. Deux outils lui sont offerts: un système très simple qui permet de donner des ordres en temps réel aux frères d'armes (une intelligence artificielle impressionnante fait le reste) et la possibilité de faire apparaître une représentation aérienne du terrain (le temps se fige), ce qui permet de réfléchir à des choix tactiques. On craignait que le gameplay soit à la peine, il n'en est rien. On finit par l'oublier, ce qui est toujours un excellent signe. Et lorsque la dernière mission est effectuée, on se prend à se dire "déjà?", ce qui en est un autre.
Sur ce socle solide, Brothers in Arms décolle. Son réalisme (précision photographique des terrains, conseiller historique et militaire… la totale) et l'empathie que l'on se met à éprouver pour les principaux acteurs (comme dans une solide dramatique) contribuent grandement à l'implication du joueur. Chapeau.
Décliné sur trois supports, Brothers in Arms ne devrait pas poser de problèmes existentiels aux possesseurs de multiples plateformes. Le jeu se révèle le plus abouti sur Xbox, juste devant la version PC. Quant à la version PS2, elle ne fera illusion que si on n'a pas vu tourner le jeu sur les autres machines.